SUBURI : SHOMEN UCHI

(Attaque de men tout droit)

 

Nous avions indiqué dans la planche technique n°4, l'importance du suburi dans la pratique du kendo. Phase de l'entraînement essentielle pour le débutant puisqu'il va y faire l'apprentissage des coupes, il n'en est pas moins bénéfique pour le pratiquant confirmé pour autant qu'il ait la volonté de toujours perfectionner son geste. Avant d'aborder la partie purement technique de cette planche, nous voulons insister sur le suburi en tant que cadre privilégié de l'étude du kendo.

Exercice généralement collectif sous la direction du professeur, il autorise la correction immédiate et permanente du geste dont on a l'image parfaite devant les yeux. Le suburi nécessite donc une grande concentration rendue possible par l'absence de l'opposition d'un partenaire. Aussi est-il possible de s'attacher d'abord aux attitudes de base : position des pieds, du bassin, recherche de l'équilibre du corps, garde chudan. On peut d'ailleurs élargir ce propos à toutes les phases de la pratique du kendo : songez toujours avant et après une action à adopter les attitudes fondamentales. Il convient en conséquence d'éviter à tout prix une exécution machinale du suburi. Enfin la qualité de l'exécution doit toujours primer la quantité. Une trop grande quantité de suburi conduit souvent à une détérioration du geste. A partir de ce moment-là, la pratique devient fatigante mais inutile !

Les figures de gauche décompose l'action du shinai dans l'exécution de shomen :

1 - Garde chudan ;

2 et 3 - Armé du sabre en amenant directement les deux mains au-dessus de la tête.

Il est conseillé pour les débutants d'armer en grand en laissant tomber la pointe du shinai ce qui favorise naturellement la déconcentration des épaules et constitue en même temps un repère quant à la direction empruntée par le shinai qui doit strictement respecter le plan défini par l'axe du corps.

Mais il est également possible de ne pas laisser tomber la pointe ce qui correspond d'ailleurs à la réalité de la pratique en armure.

Dans les deux cas, la mains gauche vient impérativement se placer au-dessus de la tête.

4 et 5 - Exécution de l'uchi. Les deux mains redescendent ensemble et vont frapper loin devant.

La figure B définit la position des mains en fin d'exécution :

La figure A rappelle l'importance du rôle des mains pour l'exécution d'un coupe correcte. Le suburi est à cet égard un apprentissage fondamental de l'action des mains ou te-no-uchi qui sera exactement la même de la part d'un pratiquant confirmé dans l'exécution de techniques de faible amplitude.

Nous tenons à revenir sur ce point sur la notion de shimeru abordée dans notre planche technique n°2.

Le shimeru a été comparé à l'action des mains lorsqu'elles essorent un linge humide. Cette image est souvent mal interprétée et exagérée. Shimeru traduit généralement le fait de tourner les mains vers l'intérieur dans l'éxécution de l'uchi.

Exagérer cette action au point que l'on puisse voir le dos des mains du pratiquant en pronation sur la tsuka conduit à une contraction complète des bras et des épaules. La contraction des épaules (figure C) est un obstacle déterminant aux progrès en kendo car elle ralentit le shinai dans l'uchi, raccourcit le geste et s'oppose aux enchaînements.

Aussi malheureusement pour de nombreux pratiquants français dotés d'une solide carrure la force en kendo réside dans les mains et les poignets et non pas dans les épaules. Nous proposons en conséquence une nouvelle approche du shimeru :

C'est cette action des mains serrant simultanément le shinai qui réalise un bon shimeru. Les mains au début de l'action (garde chudan) et à la fin (shimeru) sont dans la même position sur la tsuka.

Il convient donc surtout pour les débutants, d'éviter de rechercher la force dans les uchi qui favorise négativement le travail des épaules.

Le suburi est également l'école du KI KEN TAI qui suppose la coordination de la frappe et du déplacement.

Une bonne coupe passe en effet nécessairement par une position correcte du bassin dans l'exécution de l'uchi. Sur ce point deux approches ont déjà été abordées dans notre précédente planche.

On peut ainsi effectuer le déplacement comme il est indiqué par les figures de gauche :

Pour la frappe en reculant, l'action des bras est exactement la même, bien entendu l'ordre de déplacement des pieds est inversé. Il est également possible d'amorcer le déplacement du pied droit dans la phase d'armé du sabre, le shinai et le pied gauche "rattrapant" le pied droit pour la réalisation du Ki Ken Tai.

Dans les deux cas, le corps est droit dans l'exécution de l'uchi.

Rappelons que les déplacements dans le suburi s'effectuent dans la forme tsuriashi c'est-à-dire en glissant des pieds qui ne doivent pas quitter le contact du sol.

Il est conseillé aux débutants de travailler individuellement ce suburi sur uchikomidai. Ils pourront ainsi avoir un repère concret pour la position correcte des mains en veillant également à utiliser dans l'exécution de l'uchi le tiers supérieur du shinai appelé datotsubu et à frapper la partie valable du men de l'uchikomidai appelée menbutton.

Une bonne acquisition technique permet en suburi de s'attacher au rythme : la phase d'armé doit apparaître relativement lente par rapport à l'exécution de l'uchi au cours de laquelle les mains accélèrent considérablement la chute du shinai. Enfin dans le suburi, n'hésitez pas à crier fort. Un bon kiai de groupe a un effet "dynamisant" sur la pratique de chacun.

OKURIASHI (ZENSHINKOTAI) SHOMENUCHI

(Déplacement en avant, en arrière dans le suburi de shomen.)

Il existe une très grande variété de suburi. A titre d'exemple, à partir du suburi de shomen on peut augmenter le nombre de déplacements (trois en avant, trois en arrière), on peut frapper dans la forme Sa-yu (alternativement men à droite et men à gauche).

Dans tous les cas les principes de base contenus dans le suburi de shomen restent valables.

CHARENTE KENDO

 

 

PLANCHE TECHNIQUE N°5